Il est temps pour le non-marchand ! (Carte blanche)
À l’occasion de la manifestation pour le non-marchand du 22 mai, nous avons signé une carte blanche (Le Soir) promouvant des politiques de santé, de solidarité et d’éducation fortes et invitant à les soustraire des logiques purement comptables.
Depuis les élections de juin 2024, les différents exécutifs qui ont été mis en place mettent en œuvre des politiques d’austérité affectant l’ensemble des niveaux de pouvoir. Ces orientations budgétaires restrictives ont pour effet de fragiliser durablement les services publics ainsi que les secteurs non marchands, en compromettant les investissements structurels nécessaires et en dégradant les conditions de travail des professionnels. Une analyse critique de ces choix s’impose, afin de réaffirmer la nécessité de politiques publiques axées sur le renforcement du bien-être collectif.
Le financement adéquat des services publics et non marchands constitue aujourd’hui une priorité incontournable. Ces secteurs jouent un rôle fondamental dans la préservation de la cohésion sociale et dans la garantie d’un accès équitable aux droits fondamentaux, tels que la santé, l’éducation, l’aide sociale, la culture et la protection sociale. Ils remplissent une fonction de soutien, de développement et d’inclusion, qui dépasse largement la seule logique économique. À ce titre, ils doivent être envisagés comme des vecteurs essentiels de justice sociale et de solidarité.
Assurer la pérennité et la qualité de ces services suppose de rompre avec les dynamiques d’appauvrissement institutionnel observées ces dernières années. Cela implique notamment la revalorisation substantielle des conditions de travail dans le secteur non marchand. La reconnaissance professionnelle, la rémunération adéquate, des horaires soutenables et des environnements de travail sécurisés doivent constituer les piliers d’une politique soucieuse de la qualité du service rendu et du respect des travailleurs.
Depuis plusieurs années, les personnels de ces secteurs sont soumis à une pression croissante, en raison d’un sous-effectif chronique, du vieillissement de la population et de l’évolution des besoins des usagers. Cette tension structurelle engendre un risque accru de perte de compétences, à travers la démobilisation ou le départ de travailleurs expérimentés. Parallèlement, les jeunes générations se détournent de ces professions, qui, bien qu’elles présentent une utilité sociale manifeste, ne bénéficient plus de conditions attractives susceptibles de susciter l’engagement à long terme.
Les recherches démontrent un lien direct entre les conditions de travail des professionnels et la qualité des prestations fournies aux usagers. Les décisions prises en matière de politique sociale et budgétaire façonnent durablement les contours de notre société. Dans ce contexte, il importe de rappeler que les services collectifs représentent une infrastructure essentielle garantissant l’égalité d’accès aux biens fondamentaux. Ils constituent un facteur-clé de résilience sociale et de développement humain.
Il devient dès lors indispensable de repenser les orientations actuelles afin de soustraire les politiques de santé, de solidarité et d’éducation à des logiques purement comptables. L’investissement dans les secteurs publics et non marchands doit être conçu non comme une dépense, mais comme une contribution stratégique au bon fonctionnement de la société et de l’économie. Il en va de la capacité des individus à exercer pleinement leur citoyenneté et à participer à la vie économique et sociale dans des conditions dignes.
En conclusion, un changement de cap radical s’impose. Une mobilisation collective en faveur des services non marchands est aujourd’hui nécessaire pour garantir la viabilité d’un modèle social inclusif, solidaire et durable.
Il est temps pour le Non Marchand !