Ce livre illustré retrace l’épopée de l’éducation populaire en France. À travers divers témoignages des acteurs clés de son histoire, il réouvre le débat sur la démocratie culturelle. Ouvrage militant, il dénonce, à travers une analyse historique, l’aveuglement et les dérives du politique ainsi que l’insidieux néolibéralisme qui colonise les hommes jusque dans leur manière de (ne plus) penser.

Le retour sur l’essence même du concept d’éducation populaire telle qu’elle a été pensée et voulue à l’origine permet de replacer la culture au centre de la démarche. En effet, l’idée de l’éducation populaire est bien de réaliser la culture PAR tous. Entendons par culture la production de signes et de sens, la perspective, le moyen d’exprimer la société que l’on veut, à partir de soi, de ses expériences, de son vécu… Il s’agit de partager du subjectif et d’en faire du collectif.

Si les prémices remontent au rapport de Condorcet intitulé L'Organisation générale de l'instruction publique (1792), avec l’idée que l’éducation publique nationale doit créer un homme nouveau, l’éducation populaire a plus spécifiquement été conçue dans l’immédiate après-guerre comme un outil d’émancipation humaine. Car, après la seconde guerre mondiale, on sait désormais que l’éducation seule ne suffit pas : les nazis étaient des gens instruits. Il faut donc penser une éducation qui permette aux hommes de construire leur propre destin. L’éducation populaire devient dès lors un enjeu politique. Il s’agit d’encourager l’esprit critique des citoyens, d’abolir ou de subvertir la séparation entre ceux qui produisent les représentations symboliques de la société (le sens) et ceux qui les reçoivent.

En 1944, naît une Direction de l'éducation populaire et des mouvements de jeunesse au sein du ministère de l'Éducation nationale, permettant la mise à disposition de moyens susceptibles de développer l’éducation populaire. S’ensuit alors un parcours institutionnel révélateur de la place et des fonctions qui ont été assignées à l’éducation populaire. Si l’historique décrit dans cet ouvrage ne concerne pas directement la Belgique, il permet toutefois d’ouvrir une réflexion qui dépasse la réalité française. Par exemple, l’ouvrage met en évidence le fait que le Ministère de la Culture monopolise "la culture" et la définit, notamment en déterminant ce qui peut faire l’objet de subventions et ce qui ne le mérite pas. Il définit de la sorte ce que doit être la culture "pour" le peuple et ne contribue aucunement à ce que la culture soit produite "par" le peuple, ou plutôt, à la reconnaissance du fait que le peuple produit de la culture.

De même, il permet de relever la confusion qui est faite entre démocratie culturelle et démocratisation de la culture et qui a largement freiné l’ambition de l’éducation populaire. Alors que la première est axée sur le développement de l'esprit critique, l'intégration des productions individuelles dans des pratiques collectives, portant le projet d'une émancipation sociale et culturelle, la seconde désigne le fait de rendre accessible au plus grand nombre des modèles culturels, des œuvres, présentés comme universels et ce dans une dynamique où le public reste essentiellement passif. Il s’agit alors pour chacun de développer des ressources pour s’approprier individuellement cette culture "légitime". Bien loin de ce que prône l’éducation populaire, c’est pourtant cette  idée de démocratisation de la culture qui a colonisé le ministère de la culture en France, lui permettant par-là  de désigner lui-même le sens et instituant ainsi une séparation drastique entre professionnels d’une part et amateurs de l’autre. Seuls les premiers méritant la reconnaissance de leur talent. À cet égard, l’ouvrage milite pour que les pratiques culturelles et artistiques ne soient pas réduites à de simples productions d’objets marchands, à des signes de distinction pour une élite.

Bref, cet ouvrage resitue l’éducation populaire comme clé pour la construction d'un être humain pensant, rêvant, imaginant son devenir hors de toute injonction économique ou politique. Il contribue à réaffirmer l’ambition d’émancipation, de partage et d’action collective.

 

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