Le choix des inégalités…

Selon le point de vue du sociologue français, le retour des inégalités sociales n’est pas indépendant de nos volontés individuelles. En effet, nous pratiquons l’inégalité tous les jours. Certes, il y a de grandes et scandaleuses inégalités : 1% de la population mondiale rafle la plupart des richesses au dépens de tous les autres. Mais le groupe que ces derniers constituent est hétérogène, marqué par des intérêts divergents, par d’autres inégalités plus fines et plus concrètes. Comme elles nous confèrent un statut, nous tenons à ces inégalités. Elles ne relèvent pas de positions idéologiques, nous ne les recherchons pas explicitement mais nos choix (qui ne sont pas moralement condamnables) les engendrent.

Dans notre quotidien

Ces choix s’exercent dans beaucoup de domaines de la vie. L’école qui est une machine à (re)produire les inégalités est un exemple révélateur. Nous mettons tout en œuvre pour que nos enfants réussissent et réussissent mieux que les autres. Nous faisons le choix des meilleures filières garantissant diplômes de valeur, emplois de qualité, salaires et positions sociales avantageux. Un autre exemple : notre consommation est guidée par un souci de se démarquer des plus inégaux. Chacun veut se montrer singulier par des achats ostentatoires. Le marketing joue allègrement sur ce ressort pour vendre des produits qui nous permettront de nous distinguer.

Une fraternité à retrouver

Cet attachement aux inégalités est, d’un point de vue individuel, nourri par la peur du déclassement, par la perception que sa position est constamment menacée. D’un point de vue collectif, le fait que notre société ne produit plus un sentiment de fraternité (ce qui nous fait suffisamment semblables) est le principal argument relevé par l’auteur.

La représentation de la société comme un système d’intégration s’est épuisée avec la mondialisation et le néo-libéralisme. Un nouvel âge de l’individualisme s’est ouvert. Pour Dubet, il ne s’agit pas de le renier ; il faut partir de là pour concevoir un nouveau modèle de justice sociale. L’État ne jouant plus un rôle d’encadrement, il doit dès lors inciter les gens à agir de manière solidaire. Ce modèle, dit de cohésion sociale est plus fragile (il n’a que peu de puissance symbolique) que celui de l’intégration (qui pouvait notamment s’appuyer sur de grands récits). Cependant, c’est dans ce cadre qu’une politique de la fraternité doit être pensée.

Ne pas laisser le monopole de la fraternité aux extrémismes

Se référer à la notion de fraternité peut sembler dangereux. Certains conservateurs (nationalistes, intégristes ou communautaristes) et adversaires de la démocratie y font allègrement appel, toutefois, dans une dynamique de rejet de l’autre et à travers une rhétorique de la décadence. Ceci n’est pas une raison valable pour ne pas la réenchanter. Construire une solidarité contre les fraternités restreintes et défensives est un impératif. Nous avons besoin d’un sentiment de fraternité, une fraternité inclusive qui induit les notions d’engagement sur la durée, d’obligation et de responsabilité envers tous les autres.

Fabriquer de la solidarité

L’ouvrage se termine par des propositions concrètes pour ce faire. Parmi celles-ci, nous en soulignerons quatre :

  • l’amélioration de la représentation politique qui doit être plus conforme à la réalité sociale ;
  • la mise en place de mécanismes de démocratie directe (ce qui nécessite la reconnaissance des compétences et capacités d’action de chaque citoyen) ;
  • des systèmes de contribution/redistribution plus lisibles afin que chacun puisse se faire une image du contrat social dans lequel il est engagé ;
  • l’accroissement du sentiment de justice, via, par exemple, une meilleure lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.

Le combat des inégalités passera donc par la production de nouvelles solidarités et par la construction de nouvelles scènes qui permettront de dire ce qu’on a en commun.

 

Présentation du livre par l'auteur (vidéo)

 

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